Mamani Keita n'est pas seulement l'une des grandes voix du Mali, une chanteuse qui sait aimanter son auditoire pour mieux le séduire avant de l'électriser; elle possède aussi un charisme souverain et de grands talents d'ouverture musicale qui font d'elle une artiste indépendante et engagée. Dans Kanou, dont le titre signifie « aimer » en bambara, son timbre à la puissance de feu s'imbrique parfaitement dans les arabesques tissées par le n'goni du virtuose Moriba Koïta et les guitares de Djeli Moussa Kouyaté, ancienne figure de proue des grandes années du Rail Band de Bamako. Rempli d'une force généreuse et de chansons qui sont autant d'élans passionnés, ce premier album sous son seul nom qu'elle a tenu à diriger est bien le signe d'un tournant décisif dans son parcours.
Elle demande aux voisins. Personne pour lui donner la modique somme. Allocataire du RMI, en période de vaches maigres entre deux disques, la chanteuse malienne dresse cet amer constat: « Mamani, tu es foutue! Et la société française aussi. » Comme tous les artistes musiciens ou tous les poètes, Mamani a la souffrance en majesté. Ou plutôt, elle se sert des mots pour dire sa souffrance et par delà la souffrance de la société. Derrière les soucis d'argent, c'est la vie de Mamani que l'on découvre. Mamani Keita sur scène. La croix et la bannière depuis 1987, date de son arrivée à Paris comme choriste de Salif Keita. Dès ses premières foulées des trottoirs de la ville lumière, la jeune femme de 22 ans s'étonne de ces portes qui se ferment sur les habitats privés, jure de ne jamais mettre un jean et de repartir au pays le plus vite possible… Vingt cinq ans plus tard, Mamani est toujours en France, et ne met plus que des pantalons: un destin commun à presque tous les immigrés, que lui avait prédit ses proches. Depuis 24 ans, Mamani a connu les affres de la régularisation, celles de la pauvreté et de la galère: « En Afrique, on rêve toujours de venir en Europe.
Pourtant, quand tu débarques ici, avec les changements de condition de vie et la solitude, vient le désespoir. Si tu ne fais pas attention, tu peux péter les plombs... " Dialogues Mais Mamani a de quoi tenir. Sa fille, d'abord, née en 1997. La musique, ensuite, qui se construit au gré de petites victoires et de grands affranchissements... Peu après la fin de son contrat avec Salif Keita, elle désire explorer ses propres voies. Ce sera Electro Bamako sorti en 2002 chez Universal, qui mêle superbement sa voix claire et haut perchée, son chant en bambara, aux boucles électro du DJ et producteur Marc Minelli. Puis il y aura Yelema (2006) sur le label No Format, un disque doux, aux belles subtilités rock et électro, tissées avec l'arrangeur et multi-instrumentiste Nicolas Repac. Sur Gagner l'argent français, son dernier disque, Mamani poursuit cette collaboration. Mamani keita pas facile de la. "Entre lui et moi, cela fonctionne parce qu'on se respecte et qu'on se comprend d'un point de vue humain. Si quelque chose nous dérange, on se le dit sans fard", raconte-t-elle.
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