Tous l'entendent, tous ont leur propre manière de composer avec. Quand j'ai appris que la pièce parlait des violences faites aux femmes, j'avoue avoir un peu grimacé. Des spectacles engagés sur la condition féminine, j'en ai vu, recoupant souvent les mêmes tares d'un texte à l'autre, oubliant le théâtre au profit d'une espèce de moralisme lourd et souvent mal amené. Alors quelle ne fut pas ma surprise lorsque je me suis retrouvée face à un spectacle purement théâtral. Le théâtre est partout, il est à la base de l'écriture, et c'est de lui que naît le sujet dont on veut parler, aussi engagé soit-il, et non l'inverse! Pour un premier texte, c'est déjà la marque d'une grande maturité. Le coup de maître, c'est d'avoir abordé ce sujet de manière indirecte. À Feins, la compagnie de théâtre Ocus crée un spectacle avec les habitants. Il s'agit avant tout d'une histoire qu'on nous raconte: l'histoire de ces quatre personnages qui vivent dans cet immeuble. Et tout se met en place progressivement, naturellement. On évoque les violences faites aux femmes à travers ce que les cris de la voisine provoquent chez chacun des personnages, sans non plus braquer les projecteurs sur elle et chercher à tirer les larmes.
J'avais la chance de découvrir le texte, avançant à l'aveuglette avec les personnages dans leur recherche de la scène à changer. On cherche à deviner, avec eux, quel mot aura quelle conséquence, quelle est l'intonation qui sera déterminante pour la suite. C'est un terrain de jeu infini pour les comédiens, où tout se joue dans la nuance, et où les personnages se livrent, petit à petit, malgré eux, à travers leurs actes, leurs paroles, leurs introspections. C'est un travail d'une infinie cohérence. Pour faire sortir la substantifique moelle de la pièce, il faut s'appuyer entièrement sur la compréhension intérieure du texte. Mordue de théâtre. Et c'est ce que Frédéric Belier-Garcia semble avoir fait, s'appuyant intégralement sur la parfaite traduction de Bernard Lortholary. Tout part des mots, de ce qui se dit, de se qui s'échange. Les personnages se dessinent petit à petit, prennent une consistance, se révèlent à eux-même et au monde à travers leur partition et leur regard sur leurs actions passées. Les comédiens excellent dans cet exercice.
Ce vendredi 27 et samedi 28 mai au soir, la compagnie de théâtre Ocus propose un spectacle mêlant danses, chants, comédies et bien d'autres surprises, sous leur chapiteau installé au domaine de Boulet, à Feins. Les 10 artistes seront accompagnés de 60 habitants des environs. "Durant tout le mois de mai, nous avons proposé des stages de pratiques artistiques dans sept communes autour de Feins", explique Léa, membre de la troupe, "l'idée était de proposer aux habitants de participer au spectacle en faisait quelque chose qu'ils aiment. " Faire venir la culture dans les zones rurales Au-delà du projet de spectacle participatif, l'objectif de la troupe est de promouvoir la culture à la campagne et de proposer des spectacles aux habitants. "D'habitude, les gens doivent se déplacer aux évènements culturels, le plus souvent organisés dans les villes. Émergence – Mordue de Théâtre : blog de critiques théâtrales. Nous ce qu'on propose, c'est l'inverse: la culture se déplace directement chez les gens", ajoute Léa. Pour assister au spectacle, rendez-vous à 20h30 au domaine de Boulet à Feins.
© Pierre Grosbois Scénographiquement, il y a de bonnes idées, et pourtant quelque chose ne prend pas. Où est la frénésie qui devrait agiter cette rédaction? Il y a plein de tentatives pour la représenter, mais elle n'est pas réellement présente sur scène: en témoigne cette soirée précédant le premier jour de TF1 devenu chaîne privée, qui donne un aperçu loufoque de la ligne éditoriale qui sera adoptée par la chaîne et qui aurait pu être un chouette moment de théâtre, mais dont le rendu est étonnamment fade. La deuxième partie du spectacle, qui présente le tournant adopté par TF1 une fois la privatisation actée, ne se dynamise pas vraiment. Au contraire, elle a parfois tendance à s'enfoncer dans une succession de ce que j'appellerai des « images d'archives théâtralisées », qui certes peuvent nous faire sourire, comme c'est le cas pour l'imitation de François Mitterrand et de son mythique « mais vous avez tout à fait raison Monsieur le Premier Ministre », mais finissent malgré tout par nous perdre.
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