Avec condescendance, les Anglais surnommaient ces amateurs sédentaires de la diversité du monde des «armchair travellers». Mais les savants les plus célèbres de l'époque - Cuvier ou Arago, par exemple - considéraient bien que c'étaient à eux, scientifiques en chambre, que revenait la charge de délivrer le sens des objets et des récits que les voyageurs rapportaient des confins du monde. Le Voyage autour de ma chambre de Xavier de Maistre s'inscrit dans une autre logique. Lorsqu'il fut publié, en 1794, le genre littéraire du récit de voyage, porté par Sterne, Goethe ou Bernardin de Saint-Pierre, commençait à triompher. Pour ces écrivains et ceux qui suivirent, innombrables jusqu'à aujourd'hui, l'essentiel résidait moins dans la réalité des voyages effectués que dans la capacité des auteurs à la transformer en littérature. Lorsque George Sand affirme dans ses Lettres d'un voyageur qu' «en vérité l'auteur se propose surtout de faire un voyage autour de lui-même», lorsqu'un siècle plus tard Blaise Cendrars écrit «quand on voyage, on devrait fermer les yeux», ils ne font qu'établir la supériorité de l'écriture produite sur l'espace parcouru.
Mais enfin considérons tout de même son cas isolé. Imaginons, à partir de cet exemple connu, ce qu'une histoire des voyages en chambre aurait aujourd'hui à nous apprendre. En vérité, cette histoire ne commence pas avec Xavier de Maistre. Elle s'enracine dans la critique des voyages, d'ailleurs contemporaine de leur célébration. Aux Temps modernes, lorsque de nombreux auteurs vantaient les vertus éducatives des voyages ( «les voyages forment la jeunesse», disait-on), il ne manquait pas de gens pour faire remarquer que les voyages étaient parfois si mal effectués qu'il valait sans doute mieux rester chez soi. Dans sa Lettre sur les voyages, publiée en 1725, le protestant suisse Béat de Muralt affirmait ainsi que les voyages étaient du temps perdu, qu'ils provoquaient la dispersion de l'esprit, entraînaient à la frivolité et éloignaient l'homme des choses essentielles. Surtout, ajoutait-il, ils ne garantissaient aucunement que le voyageur puisse comprendre le sens des spectacles observés.
Introduction: → Les grandes explorations de la fin du 15è et le début du 16è et les récits de voyage qui les accompagnes, Jean de Léry Histoire d'un voyage fait en la terre du Brésil, dans les récits de voyage exploration de l'ailleurs lointain mais à chaque fois permet un retour sur sois, ils ont en communs une dynamiques et une façon de faire, du détour par l'autre qui permet un retour sur soi. Pour s'interroger sur l'homme européen du 16e et 17e. En ce 18e siècle la mode des récits de voyage n'a absolument pas faibli, c'est la seconde catégorie la plus lu en France après le roman. → Opuscule de 42 chapitres de Xavier de Maistre qui semble prendre le contre pied de ces récits de voyage et de la mode de ces récits de voyage. Une œuvre excentrique qui l'affirme par son titre. On peut parler d'excentricité car il s'agit d'un voyage statique qui se justifie par le motif qui préside à l'écriture de ce livre qui est l'emprisonnement de Xavier de Maistre suite à un duel alors qu'il est officier dans le Piémont.
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