Textes philosophiques Platon l'anneau de Gygs Les hommes prtendent que, par nature, il est bon de commettre l'injustice et mauvais de la souffrir, mais qu'il y a plus de mal la souffrir que de bien la commettre. Aussi, lorsque mutuellement ils la commettent et la subissent, et qu'ils gotent des deux tats, ceux qui ne peuvent point viter l'un ni choisir l'autre estiment utile de s'entendre pour ne plus commettre ni subir l'injustice. De l prirent naissance les lois et les conventions, et l'on appela ce que prescrivait la loi lgitime et juste. Voil l'origine et l'essence de la justice: elle tient le milieu entre le plus grand bien commettre impunment l'injustice et le plus grand mal la subir quand on est incapable de se venger. Entre ces deux extrmes, la justice est aime non comme un bien en soi, mais parce que l'impuissance de commettre l'injustice lui donne du prix. En effet, celui qui peut pratiquer cette dernire ne s'entendra jamais avec personne pour s'abstenir de la commettre ou de la subir, car il serait fou.
Il faisait son métier de berger comme on le fait, mais c'est qu'il ne pouvait pas faire autrement, c'est qu'il nevoyait pas le moyen de faire autrement. » Dès que le moyen de faire autrement s'offre à lui, avec l'assurance del'impunité totale, cet « honnête homme » se jette dans le crime. «... Si donc il existait deux bagues de ce genre, que le juste se passe l'une au doigt, l'injuste l'autre, personnen'aurait une âme de diamant assez pur pour persévérer dans la justice... »Voilà donc la conclusion apparente du mythe. Le juste ne serait plus juste si devenant invisible il pouvaitimpunément se livrer à l'injustice... En fait ce n'est pas tout à fait une conclusion car Glaucon nous l'a dit, il ne serange pas au parti de Thrasymaque. C'est plutôt une question que Glaucon pose à Socrate, c'est une invitation àradicaliser le problème de la vertu de justice, une invitation à poser ce problème au niveau de l'essence de lajustice. Dans la vie concrète des hommes, en effet, tout est ambigu. Le juste, dans une société policée gagnesouvent quelques honneurs et bénéficie de la protection des lois, l'injuste est quelquefois sévèrement puni.
S'il se comportait de la sorte, il ne ferait rien de différent de l'autre, et de fait les deux tendraient au même but. On pourrait alors affirmer qu'on tient là une preuve de poids que personne n'est juste de son plein gré, mais y étant contraint, compte tenu du fait qu'on ne l'est pas personnellement en vue d'un bien: partout, en effet, où chacun croit possible pour lui de commettre l'injustice, il le fait. PLATON, République, II, 359d-360c Questions de compréhension: Résumez le mythe de Gygès: qui est-ce? Que trouve-t-il? Quel effet cela a-t-il sur lui? Pour Gygès, faut-il obéir à la loi volontairement ou par la contrainte? Justifiez. Selon ce mythe, serions-nous plutôt justes ou injustes, si aucune loi n'existait?
La licence dont je parle serait réalisée au plus haut point, si ces deux hommes recevaient un pouvoir tel que celui que, dit-on, reçut jadis l'ancêtre de Gygès d le Lydien. On dit en effet qu'il était berger, aux gages de celui qui alors dirigeait la Lydie; et qu'après qu'une forte pluie se fut abattue, causant un glissement de terrain, un endroit de la terre se déchira et que s'ouvrit une béance dans le lieu où il faisait paître. La voyant, il s'émerveilla, et y descendit; et il y aurait vu, parmi d'autres merveilles que rapporte l'histoire, un cheval de bronze évidé, percé d'ouvertures. S'y penchant, il aurait vu que s'y trouvait un cadavre, apparemment plus grand que n'aurait été un homme, et qui ne portait rien, si ce n'est, à la main, une bague en or. Il s'en serait emparé, et serait ressorti. Or, comme avait lieu le rassemblement habituel aux bergers, destiné à rapporter chaque mois au roi l'état des troupeaux, lui aussi y serait venu, portant la bague en question. S'étant assis avec les autres, il aurait tourné par hasard le chaton de la bague vers lui-même, vers l'intérieur de sa main, et dès lors serait devenu invisible pour ceux qui siégeaient à côté de lui, et qui dialoguaient à son sujet comme s'il avait été parti.
», sur France Culture, 1 er février 2022. Voir aussi [ modifier | modifier le code] Gygès Anneau unique dans Le Hobbit et Le Seigneur des anneaux Portail de la philosophie antique
Eh bien les gens affirment que commettre des injustices est par nature un bien, et que les subir est un mal; mais que subir l'injustice comporte un excédent de mal sur le bien qu'il y a à la commettre. En conséquence une fois qu'ils se sont infligé mutuellement des injustices, et en ont subi les uns des autres, et qu'ils ont ainsi goûté à l'un et à l'autre, il paraît profitable à ceux qui ne sont capables 359 ni d'éviter (de les subir) ni de prendre le parti (de les commettre), de convenir entre eux de ne pas commettre d'injustices, de façon à ne pas en subir. Et on dit que c'est à partir de ce moment qu'ils ont commencé à instituer leurs propres lois et conventions, et à nommer ce qui est prescrit par la loi à la fois "légal" et "juste". Telle serait tout à la fois la genèse et l'essence de la justice, qui est à mi-chemin entre ce qui est le mieux — commettre l'injustice sans en être châtié — et le pire — subir l'injustice sans être capable de s'en venger. Le comportement juste étant au milieu entre ces deux points, on l'aurait en affection non pas b comme un bien, mais comme ce qu'on n'estime que par manque d'énergie pour commettre l'injustice.
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