Ce sont les «bad boys» de la vigne: le clinton, le noah, l'isabelle, l'othello, l'herbemont et le jacquez sont, depuis 1934, interdits de commercialisation en France. Et toute la subtilité est là: si on ne peut pas les vendre, on peut cependant les laisser pousser librement dans son jardin et même les vinifier… Accusés à tort de tous les maux (ces cépages rendraient fous, ils auraient un goût «foxé» et dégageraient plus de méthanol), les cépages interdits trouvent pourtant leur petite place dans des cuvées confidentielles et expérimentales qui ravissent les vignerons et les amateurs. » À LIRE AUSSI: S'aimer dans les vignes: comment concilier travail de vigneron et vie de couple? « L'isabelle a un goût très prononcé de framboises, de fraises, de fraises des bois » nous dit Florence Monferran, vigneronne dans le Languedoc et historienne. « On ne fera jamais un grand vin avec ces cépages, mais ils ont une vraie personnalité qu'il faut dompter ». Pour s'en procurer, on peut devenir membre d'une association comme celle d'Hervé Garnier, « Mémoire de la vigne », qui milite pour la réhabilitation des cépages interdits en Ardèche et vinifie principalement du jaquez.
"Je me suis arrogé le droit de planter", dit-il. "Quand j'ai déclaré au douanier avoir planté du verdanel", un autre cépage blanc, "il m'a dit: +il n'existe pas, je ne l'ai pas dans mon ordinateur+. Je lui ai répondu, +vous non plus vous n'êtes pas dans l'ordinateur, c'est pas pour ça que vous n'existez pas+". Petit à petit, Robert Plageoles a fait renaître la quinzaine de cépages historiques locaux et son prunelart (rouge) s'est retrouvé chez le chef triplement étoilé de l'Aveyron, Michel Bras. Nicolas Gonin, vigneron à Saint-Chef (Isère) pense lui aussi que l'avenir de la viticulture française se joue en partie sur la réhabilitation de son héritage. Sur son domaine de 5 ha, il a commencé en 2005 à planter du persan. Aujourd'hui, "grâce aux cépages anciens, je vends à New York, Chicago, Tokyo alors que je suis complètement inconnu", dit-il, estimant qu'il serait proche du dépôt de bilan avec des cépages conventionnels. "On a sauvé les cépages anciens jusqu'au moment où ce sont les cépages anciens qui nous sauvent", dit-il.
Certains rêvent comme Robert Plageoles d'aller plus loin. Depuis le phylloxera, les cépages sont greffés sur des porte-greffes, des hybrides américains résistants, et il voudrait revenir « à la viticulture originelle sans greffage ».
De quoi mener à bien un beau projet sur la Route des Vins du Mont-Blanc, et (r)ajouter à notre culture d'aussi jolis noms que "la Rèze", "le Bia blanc", "le Martin Cote noir de La Rochette", "la Sainte-Marie de Chignin"... Cenre d'Ampélographie Alpine Pierre Galet (CAA-PG) - site web - page Facebook
Pokemon Gold Rom Ds, 2024