La déclaration du futur roi-citoyen aux habitants de Paris, texte approuvé par Talleyrand, est le premier acte officiel qui met en scène les trois couleurs: « En rentrant dans la ville de Paris, je portais avec orgueil ces couleurs glorieuses que vous avez reprises, et que j'avais moi-même longtemps portées. » De fait, la livrée du prince est tricolore. L'image de Georgin, postérieure de quelques mois, porte en légende: « La France m'a confié ces glorieuses couleurs; je saurai les défendre. » Les défendre contre quoi? Contre le drapeau rouge, qui flottait au fronton de l'Hôtel de Ville et que La Fayette a fait enlever, contre le drapeau blanc, le drapeau de Charles X et de la restauration d'une monarchie de droit divin, dont les symboles ornent, à côté de la signature de Georgin, la pierre tombale qui repose sur le sol dépavé. Le drapeau tricolore, « la livrée de la Liberté » de 1790 (Mirabeau), a flotté sur les barricades de Juillet, comme en témoigne à l'arrière-plan le peuple insurgé qui salue le fils de Philippe-Égalité.
Par la suite, les trois couleurs furent systématiquement utilisées ensemble: le blanc, couleur du royaume de France, entouré du bleu et du rouge, couleurs de la ville de Paris, pour symboliser l'unité. A l'automne 1790, l'Assemblée constituante décida que les vaisseaux de guerre et les navires de commerce français devaient porter un pavillon avec trois bandes verticales: » rouge près de la hampe, blanc au centre (cette bande étant plus large que les autres), et enfin bleu ». Le sens vertical des couleurs s'est peu à peu imposé. En effet, depuis près d'un siècle, le pavillon néerlandais aux couleurs rouge, blanc, et bleu disposées à l'horizontale flottaient sur toutes les mers. Le drapeau tricolore ne va prendre sa forme définitive que le 15 février 1794 ou 27 pluviôse de l'an II lorsque la Convention nationale va décréter que le pavillon national « sera formé des trois couleurs nationales, disposées en bandes verticalement, de manière que le bleu soit attaché à la gaule du pavillon, le blanc au milieu et le rouge flottant dans les airs ».
Ces drapeaux étaient, de la part des troupes, l'objet d'un véritable culte. Aussi Richelieu, puis Louis XIV, éprouvèrent-ils une résistance devant laquelle ils durent céder, quand ils essayèrent de supprimer tous les étendards particuliers pour ne laisser à chaque régiment qu'un seul drapeau. Telle était la situation au moment de la Révolution française, alors qu'allait apparaître le drapeau aux trois couleurs. *
Ce qu'il faut retenir, dit-il, c'est qu'il y a, déjà, autour de ces trois couleurs, une certaine ambiguïté: "Pour le peuple, elles incarnent des valeurs révolutionnaires, alors que la monarchie y voit surtout le symbole du conservatisme. " Ce "quiproquo" historique durera jusqu'à nos jours... >> Lire aussi: Le drapeau français aux fenêtres en hommage, retour d'un symbole Quand est, officiellement, né le drapeau français? Le 27 pluviôse de l'an II, soit le 15 février 1794, la Convention nationale décrète que ces couleurs seront "disposées en bandes verticalement, de manière que le bleu soit attaché à la gaule du pavillon, le blanc au milieu et le rouge flottant dans les airs". Sous le pinceau du peintre national, Jacques-Louis David, le drapeau tricolore devient l'emblème de la République. Pas pour longtemps. Lors de la Restauration, il est remplacé par un drapeau blanc. Les cocardes tricolores se passent sous le manteau, comme un symbole de résistance aux Bourbons. Elles ressortent au grand jour durant la révolte des Trois Glorieuses, en juillet 1830.
Et si les Quintignois s'affichent en blanc et rouge, les Parisiens, eux, sont depuis longtemps passés à la cocarde tricolore. Elle fleurit sur les tuniques et orne les bicornes, à l'image du roi Louis XVI, qui, dans ce moment d'union nationale, l'accroche à son couvre-chef. Ce drapeau qu'Yves Moine, premier édile du village de Quintigny, a trouvé dans le grenier de sa mairie, date de la Révolution française. P. TRIAS/LE PROGRÈS/MAXPPP Offre limitée. 2 mois pour 1€ sans engagement Ce serait le marquis de La Fayette, qui, un an plus tôt, le 17 juillet 1789, aurait eu l'idée d'allier le bleu et le rouge, les couleurs de Paris, au blanc, couleur de la royauté, comme un signe de "l'alliance auguste et éternelle entre le monarque et le peuple", écrit-il dans ses Mémoires. Est-il vraiment le "père" de notre drapeau? Quiproquo historique "Cette histoire fait partie du grand roman de la Révolution", sourit Jean Garrigues, professeur à l'université d'Orléans et à Sciences po. Vrai ou faux, la question n'est pas là, souligne l'historien.
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