On se targue d'abus supprimés. Moi aussi, je parle d'abus, mais pour dire qu'aux anciens ─ très réels ─ on en a superposé d'autres ─ très détestables. On me parle de tyrans locaux mis à la raison; mais je constate qu'en général ils font très bon ménage avec les nouveaux et que, de ceux-ci aux anciens et vice-versa, il s'est établi, au détriment des peuples, un circuit de bons services et de complicité. On me parle de civilisation, je parle de prolétarisation et de mystification. [pic 1] Commentaire de l'extrait du Discours sur le colonialisme d'Aimé Césaire Introduction 1. La colonisation mène à l'aliénation de tous a) Le colonisateur devient un bourreau Une oppression des peuples colonisés Les désignations du colonisateur sont très péjoratives. Des expressions telles que « police » l. 2, « garde-chiourme », « chicote » l. 5 en attestent. Dans ce contexte, elles ont toutes des connotations de surveillance, de violence physique comme morale. Les colons sont assimilés à des gardiens de prison, ou réifiés en accessoire de torture.
Le Discours sur le colonialisme est un essai anticolonialiste d' Aimé Césaire publié pour la première fois par Réclame, maison d'édition liée au Parti communiste français, le 7 juin 1950, avec une préface de Jacques Duclos. Perspectives [ modifier | modifier le code] Aimé Césaire, dans cette édition, a choisi de mettre en exergue, cette phrase du dirigeant communiste: « Le colonialisme, cette honte du XX e siècle ». Il s'oppose aux actions violentes et criminelles commises dans les colonies, l'exploitation des peuples et le pillage des ressources. Dans une perspective communiste, Césaire critique la position de la classe bourgeoise qu'il qualifie de décadente, car ne connaissant plus de limites dans le mal qu'elle commet au travers du système économique capitaliste. Il estime également que la colonisation, loin d'une « œuvre civilisatrice », a au contraire décivilisé les colonisateurs: « Il faudrait d'abord étudier comment la colonisation travaille à déciviliser les colonisateurs, à l'abrutir au sens propre du mot, à le dégrader, à le réveiller aux instincts enfouis, à la convoitise, à la violence, à la haine raciale, au relativisme moral » [ 1].
Commentaire de texte: Aime Césaire / Discours sur le colonialisme. Recherche parmi 272 000+ dissertations Par • 15 Janvier 2022 • Commentaire de texte • 2 521 Mots (11 Pages) • 240 Vues Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme (1955) Lecture analytique n° 2 Entre colonisateur et colonisé, il n'y a de place que pour la corvée, l'intimidation, la pression, la police, l'impôt, le vol, le viol, les cultures obligatoires, le mépris, la méfiance, la morgue 1, la suffisance, la muflerie 2, des élites décérébrées, des masses avilies. Aucun contact humain, mais des rapports de domination et de soumission qui transforment l'homme colonisateur en pion, en adjudant, en garde-chiourme 3, en chicote 4 et l'homme indigène en instrument de production. À mon tour de poser une équation: colonisation = chosification. J'entends la tempête. On me parle de progrès, de « réalisations », de maladies guéries, de niveaux de vie élevés au-dessus d'eux-mêmes. Moi, je parle de sociétés vidées d'elles-mêmes, des cultures piétinées, d'institutions minées, de terres confisquées, de religions assassinées, de magnificences artistiques anéanties, d'extraordinaires possibilités supprimées.
20. La mission civilisatrice de la colonisation apparaît donc ici comme un prétexte des plus fallacieux pour justifier l'esclavage des populations indigènes. b) Le colonisé, un être détruit Un être détruit physiquement. La colonisation aboutit à une aliénation de l'homme par l'homme. On a vu que Césaire le traduisait par la réification du colon, c'est aussi le cas pour le colonisé. Cela est perceptible à travers le thème du travail et de la transformation de « l'homme indigène en instrument de production » l. 5-6. L'auteur s'appuie de plus sur un exemple concret pour illustrer son propos en évoquant les conditions dans lesquelles se construit le port d'Abidjan l. 16 et les hommes « en train de [le] creuser à la main » soulignant ainsi les conditions de travail particulièrement mortifères. L'hyperbole portant sur le passif « milliers d'hommes sacrifiés » l. 15 met en évidence le coût humain de cette construction, suscitant à la fois compassion et indignation pour les populations ainsi traitées.
Ceux-ci instaurent un rapport de force avec les populations indigènes qu'ils cherchent à soumettre. On le voit d'abord avec la négation restrictive « il n'y a de place que pour » l. 1, suivie d'une énumération de termes se rapportant à une soumission par une violence physique et morale. On le constate ensuite l. 4 « Aucun contact humain, mais des rapports de domination et de soumission qui transforment l'homme... ». L'antithèse introduite par « mais » souligne des relations non seulement très dures et dépourvues de toute humanité, mais également aliénantes, comme le suggère le verbe « transforment ». L'emploi du présent gnomique, des articles définis et / ou du pluriel amplifient la critique puisqu'ils sont les marques d'un discours généralisant qui indique des pratiques habituelles, systématiquement vraies. Une humiliation des peuples colonisés. Lexique de l'humiliation infligée aux indigènes est très présent: « le mépris, la méfiance, la morgue, la suffisance» l. 2-3. Il s'agit d'abord de dénoncer un manque de respect élémentaire pour l'autre comme le signale le terme « la muflerie » l.
Avec ce vibrant acte d'accusation aujourd'hui entré dans l'Histoire, le fondateur du mouvement littéraire de la Négritude fait le procès implacable, toujours actuel, d'une Europe "indéfendable". À ceux qui sont aujourd'hui encore tentés de comptabiliser les aspects "positifs" de la colonisation, son pamphlet sonne comme un rappel.
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