Malgré la quasi-perfection qu'elle atteint parfois, elle ne nous a émus à aucun moment. » Le film repartira bredouille de Cannes. Lors de la sortie en salles, on peut lire la même déception sous la plume assassine de Jacqueline Lenoir, dans le socialiste Gavroche: « La Belle et la Bête ne peut nous convaincre de la façon que souhaitait Jean Cocteau. Il eût fallu plus de naïveté, de pureté. Un conte de fées, ce sombre délire d'esthète à la mode? Allons, allons, soyons sérieux [... Il se trouvera des femmes pâmées pour roucouler que c'est « délicieux » et des hommes distingués pour affirmer qu'il y a là « quelque chose ». Je ne saurais vous dire quoi. Les admirateurs de la Belle et la Bête non plus d'ailleurs. LA BELLE ET LA BETE - Loucinefil. L'important, c'est d'avoir compris, même si, comme nous l'annonce ingénument Cocteau lui-même, il n'y a rien à comprendre. » Dans La Jeune République, Roger Proville compare défavorablement La Belle et la Bête à un autre film sorti au même moment, Rome, ville ouverte du cinéaste néoréaliste Roberto Rosselini.
Sous un maquillage merveilleusement composé par Arakédian, Marais apporte toute la souffrance ressentie lorsqu'on aime sans retour. Ce n'est pas le dessin animé de Disney ou le très mauvais remake de Christophe Gans qui sont près de faire oublier ce chef d'oeuvre intouchable. Cocteau a atteint au sublime et s'imposa définitivement comme un réalisateur innovant. ANNEE DE PRODUCTION 1946.
En France, au temps jadis des contes, un marchand, veuf, dont les affaires n'étaient pas très florissantes, et pour ainsi dire au bord de la faillite, vivaient avec ses trois filles et son fils – ainsi que l'ami de celui-ci à vrai dire. Les deux sœurs aînées Adélaïde et Félicie, d'horribles petites pestes imbues de leur personne, se font servir par leur cadette, Belle, comme par une servante. La belle et la bête gustave doré 3. Quant aux deux garçons, deux bons à rien. Le fils de la maisonnée ne fait que jouer et se couvrir de dettes et son ami Avenant, qui est amoureux de Belle, n'est pas plus travailleur. Parti à la ville pour tenter d'arranger ces affaires avec le retour d'un de ses bateaux de marchandise que l'on croyait perdu, le père s'égare sur le chemin du retour dans les profondeurs d'une vaste forêt. Il y découvre un vaste palais enchanté et surtout désert… Avant d'en repartir, il voit un rosier et se remémorant la promesse faite à sa fille Belle de lui ramener une rose, il en cueille une. Soudain apparaît le maître de lieu, une bête vêtue en homme, qui furieuse le condamne à mort, sauf si l'une de ses filles consent à prendre sa place.
Cela est aussi montré par le miroir (qui montre l'une de sœurs sous les traits d'une guenon) mais également par le comportement de ces deux femmes qui ressemblent à s'y méprendre à ce qui les entoure: une basse cour, surtout quand elles piaillent dans tous les sens des « Petits Laquais! »… Le montage sec est utilisé plusieurs fois, à vrai dire Cocteau ne s'embarrasse pas de savoir si oui ou non deux plans coïncident niveau lumière ou emplacement des objets et personnage. Ce qui donne parfois une impression étrange, comme par exemple dans la scène où Belle donne à boire à la bête au creux de ses mains, son visage est éclairé très intensément, alors qu'elle se trouve prêt des arbres. La belle et la bête gustave dore.com. Cela ne dérange pas, au contraire, puisque l'endroit semble à voir une vie à part (candélabre à main humaine, cariatides…), il change en permanence, ainsi que la lumière soit différente d'un plan à l'autre paraît presque naturel. La bête dit elle-même que sa nuit n'est pas celle de son monde (celui de Belle).
Le résultat est prodigieux: une splendeur visuelle constante (les candélabres tenus par des bras nus sortis des murs, les chiens en pierre et les statues de bronze avec leurs yeux vivants, etc…), des mouvements de caméra extraordinaires (le plan séquence où Belle entre pour la première fois au ralenti dans le château est éblouissant), la poésie du récit traitant aussi bien de l'amour que de la mort, de la beauté autant que de la laideur. Ce conte romantique et cruel possède une esthétique digne des tableaux de Gustave Doré ou de Veermer et Cocteau n'en finit pas de nous émerveiller avec ses idées ingénieuses. La modernité de l'image se retrouve aussi dans les superbes décors de Christian Bérard et dans un noir et blanc admirable, entre ombre et lumière, servant d'écrin au mystère de la poésie. La belle et la bête gustave dore puy. Enfin, si la charmante Josette Day est belle à regarder, c'est bien entendu Jean Marais qui occupe à jamais l'esprit des cinéphiles, dans le double rôle d'un jeune étalon Avenant et surtout de la Bête.
Les scènes emblématiques des Dix commandements avec Charlton Heston en Moïse sont entrés dans la légende. Jason et les Argonautes (Don Chaffey, 1963) « Gustave Doré est pour moi le premier directeur artistique pour le cinéma, car tout le monde à Hollywood s'en est inspiré pendant les années 30 et 40. Doré est vraiment le père de ce métier. » Créateur génial d'effets spéciaux et de techniques d'animation en stop-motion, Ray Harryhausen, a créé des créatures et des mondes fantastiques qui ont inspiré des générations entières. Comme son maître Willis O'Brian pour King Kong, ses modèles viennent tout droit des œuvres de Doré. De la trilogie des Sinbad au Choc des titans, en passant par Jason et les Argonautes, ses dessins préparatoires rendent ostensiblement hommage au graveur. La belle et la bête – Stefano Zago. Star Wars (George Lucas, 1977) Pour Luke Skywalker, on sait. Mais qui est le père de Chewbacca? Une créature sortie tout droit de l'imaginaire de Gustave Doré, très certainement. George Lucas se serait inspiré du chat botté (encore lui) sans les bottes.
Bref, une impression permanente de déjà-vu. La Belle et la bête (W9) : les différentes adaptations du célèbre conte. Buste du baron de Münchhausen, sculpté dans le marbre par Antonio Canova (Gustave Doré, 1862) / Les Aventures du baron de Münchhausen (Terry Gilliam, 1988) Superproductions graphiques Gustave Doré, à défaut d'avoir l'étiquette de la modernité au regard de l'histoire de l'art comme Manet, l'aura du point de vue de l'histoire du cinéma, en anticipant tout un pan du septième art: le cinéma grand spectacle et la culture de masse. Non seulement par la déclinaison sous différents formats de son travail (5) et sa grande diffusion via des projections par lanternes magiques, peu commune chez les artistes de l'époque. Mais aussi par sa parfaite maîtrise des représentations de masses, par le sensationnalisme de certaines scènes et la dramaturgie de ses personnages qui préfigurent en quelque sorte les superproductions hollywoodiennes, ceux des péplums et autres sujets religieux et mythologiques dont le cinéma américain s'est emparé dans les années 1950, avec ses acteurs au jeu parfois outranciers et ses plans cinémascopes aux mille figurants.
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