Avec Jean-Alain Corre (artiste), Pedro Morais (critique d'art), François Piron (critique d'art). Les Dérives de l’imaginaire - Exposition collective - Palais de Tokyo - Paris Art. Modération Jean-François Chougnet (président du Mucem) Vingt ans après sa disparition, la mémoire de Richard Baquié (1952-1996) est toujours vive à Marseille. À l'occasion de la présentation de son œuvre Le Temps de rien dans le hall du Mucem, trois acteurs de la scène artistique contemporaine évoquent leur regard sur cet artiste qui a marqué les années 1970-1990. En collaboration avec Axelle Galtier. Dans le cadre de la 8e édition du Printemps de l'Art Contemporain.
Article réservé aux abonnés LE SCULPTEUR Richard Baquié est décédé à Marseille jeudi 17 janvier. Il était âgé de quarante-trois ans. Né à Marseille en 1952, il y fait des études aux Beaux-Arts à partir de 1981 et y a accompli l'essentiel de son oeuvre. De la lettre à l'image : comment les artistes se sont-ils appropriés les lettres et les mots | Le coin des arts plastiques. Très tôt, dès ses premières participations à des expositions collectives, à partir de 1982, sa place est nettement définie: c'est celle d'un fabricant de machines improbables, d'un bricoleur de mécanismes étranges, à égale distance du Marcel Duchamp du Grand Verre et des constructions animées et cahotantes de Jean Tinguely. Bien plus que de sculpture au sens conventionnel du terme, il s'agit d'assemblage et de mise en scène: assemblage à l'aide d'éléments récupérés et détournés, mise en scène dans l'espace de la galerie ou du musée qui se métamorphosent tour à tour en garage, en laboratoire ou en champ de ruines. Pour les galeries contemporaines du Centre Georges-Pompidou, où il est invité en 1987, il s'empare ainsi d'une Caravelle, qu'il désosse, découpe et transforme par l'adjonction d'innombrables pièces rapportées et de lettres fixées sur ce qui reste de la carlingue.
«Je me déplace physiquement / mes désirs me projettent vers l'avant / et je laisse en arrière une quantité de moments / d'instants consommés et d'informations» confie Richard Baquié. Cette dérive est aussi ce récit où tout glisse, se dissout, se fragmente composant une topologie sans lieu. Ce désœuvrement, cette déambulation peut être aussi déchirure, interruption du temps, discontinuité. Fruit du télescopage de l'autrefois et du maintenant, la dérive est fulgurance, anticipation offrant, à chaque mouvement de l'esprit, un nouveau visage au temps et apportant des découvertes inattendues. Celles-ci ne sont pas nécessairement le résultat d'un programme préalablement établi mais, comme l'exprime la notion de sérendipité, une découverte qui advient comme par hasard, au bout d'une piste que l'on suivait pour une autre raison et qui conduit à un résultat que l'on n'imaginait pas. Le temps de rien richard baquié collection. La dérive devient une méthode paradoxale, incontrôlable par nature et dont on ne peut rien attendre et tout espérer.
Carte mentale Élargissez votre recherche dans Universalis Le nom du sculpteur français Richard Baquié est presque toujours associé à l'image d'un « bricoleur sensoriel » et sentimental; en même temps, son œuvre évoque un ensemble d'objets, d'assemblages, de machines et de dispositifs au caractère « poétique et narratif » construits à partir de matériaux de récupération. Fidèle à l'artiste comme à l'œuvre, ce portrait manque pourtant l'essentiel, c'est-à-dire cela même qui ne fait pas craindre à Michel Enrici d'affirmer, à l'occasion de l'exposition d' Amore mio en 1985 au musée d'Art contemporain de Marseille: « Richard Baquié a organisé le 16 décembre à l'Arca un espace cathartique. La dramaturgie autant que la sculpture étaient présentes ce soir-là et ce que nous avons vu tenait du miracle. [... ] Ce ne pouvait être la sculpture que nous aimions mais plutôt la somme des récits qu'elle mettait en branle et la cohorte de sensations qui les accompagnait. Le temps de rien richard baquié 1. » Les sculptures de Baquié sont toutes le lieu éminent d'une rencontre.
Si les premiers collages cubistes (Braque, Le Quotidien) ont intégré la lettre comme objet plastique, de nombreuses variations se sont ouvertes depuis à travers des installations comme Jeffrey Shaw dans Legible City où la dimension interactive était aussi en jeu.
1 Bernard Millet: Lorsqu'on évoque l'œuvre de Richard Baquié, on pense naturellement à l'univers de la sculpture. Les références qui viennent à l'esprit sont davantage celles de sculpteurs, Rauschenberg ou Tinguely, qui recyclent les matériaux, plutôt que celles de peintres. On sait assez peu que très tôt Richard Baquié a rencontré votre travail et y a puisé certains éléments. Il avait pour votre œuvre une très grande admiration. On pouvait d'ailleurs voir chez lui un de vos tableaux de la série "Van Gogh", dont il ne se séparait jamais. Le temps de rien richard baquié rose. 2 A quel moment ont eu lieu vos premières rencontres et en quelle occasion Baquié a-t-il découvert votre travail? 3 Jean-Jacques Surian: L'origine de notre rencontre se situe en 1985, à l'occasion du vernissage de son exposition à la galerie de Roger Pailhas sur le cours Julien à Marseille. Baquié montrait alors sa fameuse Plymouth. Quant à moi, je présentais une petite exposition dans un restaurant-théâtre voisin de la galerie. Ce n'est que plus tard que j'ai appris que Baquié, sans doute fatigué du vernissage, avait amené le galeriste Eric Fabre boire un verre dans cet endroit et laissé un message à mon intention afin que je rappelle ce dernier.
S'il a commencé ses expériences artistiques par la peinture, je comprends qu'il n'ait pas pu s'en satisfaire totalement, justement à cause du décalage entre l'iconographie de sa génération et ses repères propres. 16 B. : Richard a toujours entretenu avec la peinture une relation de proximité et d'affection. Rappelons-nous ces étonnantes séries de tableaux réalisés avec des pastilles peintes et qu'il nommait ses "travaux d'hiver". 17 J. : En ce qui concerne le tableau que Richard possédait, il provient d'un désir commun de faire un échange. Immédiatement, Richard m'a dit vouloir un "Van Gogh". C'est ce jour-là que j'ai découvert qu'il connaissait mon travail depuis 1976, lorsque j'avais fait une exposition à Saint-Rémy-de-Provence intitulée "Retour de Van Gogh". A cette époque, il était étudiant aux Beaux-Arts et cette exposition l'avait beaucoup marqué. Je lui ai déroulé quelques toiles de cette série, et il a choisi cette œuvre. Vera Anda from the right now: Le temps de rien. Il ne m'a jamais précisé pourquoi celle-là. Avec Richard, on ne parlait pas de nos intentions.
Pokemon Gold Rom Ds, 2024