Les quatre ans de Pierre Bérégovoy et Christine Lagarde sont désormais dépassés, les presque neuf années de Valéry Giscard d'Estaing (en deux fois, d'abord sous Charles de Gaulle de 1962 à 1966, puis sous Georges Pompidou de 1969 à 1974) sont en ligne de mire quand les dix-huit années de Colbert relèvent du fantasme inatteignable. La reconduction vendredi dernier de Bruno Le Maire au ministère de l'Economie et des Finances et « de la Souveraineté industrielle et numérique », comme maître d'un grand Bercy, marque une continuité peu commune dans la vie politique française récente. Le bientôt ex-député de l'Eure jure d'ailleurs que cette stabilité était ce qu'il cherchait le plus. Lors d'un entretien avec Emmanuel Macron il y a une semaine, le locataire de Bercy depuis 2017 avait dit « très clairement », selon un proche, qu'il n'accepterait pas autre chose qu'un grand Bercy. « Ce n'est pas un ultimatum, il sait où il peut être utile au président de la République, à la majorité, au pays », continue le même.
Le monde économique l'attend également sur la question des impôts de production: Emmanuel Macron a promis une nouvelle baisse de 7 milliards d'euros, mais l'incertitude demeure quant au timing. Poids lourd politique Avec cette reconduction à Bercy, après cinq ans, Bruno Le Maire confirme en tout cas son statut de poids lourd politique, l'un des rares, autour d'Emmanuel Macron. Et s'il n'est pas candidat aux législatives, après trois mandats de suite, l'ancien candidat à la primaire de la droite fait une campagne active auprès de candidats de la majorité présidentielle. Des anciens de son cabinet, mais pas seulement. Plus d'une douzaine de déplacements et réunions publiques sont à son agenda. Il a envoyé plus d'une trentaine de vidéos de soutien que les candidats mettent sur leurs réseaux sociaux. Il n'a pas choisi la stratégie d'Edouard Philippe - celle de créer un parti, une boutique pour 2027 -, mais cela ne l'empêche sans doute pas de commencer à penser à la suite.
Une allure sportive et très en contrôle, qu'un dîner arrosé de vins hongrois ne suffit pas à encanailler. Ce côté premier de la classe qui énerve les deuxièmes, comme ce jour de la passation de pouvoir, au Quai d'Orsay, où il succéda à Jean-Pierre Jouyet. Bruno Le Maire y a prononcé une partie de son discours à l'intention de ses "amis allemands", en allemand. Une bonne dizaine de phrases non traduites, trop pour certains poids lourds présents, exaspérés par le numéro. Mais chez Bruno Le Maire, tout se travaille. Même le naturel. Comme du temps où, au lycée Louis-le-Grand, il avait surmonté ses notes désastreuses en version latine, des - 30 ou des - 40, à force d'exercices acharnés. Comme à Evreux, où il a été élu député haut la main sur les terres, certes tout acquises, de Jean-Louis Debré. Après une première sortie au marché assez ratée, où il avait cru bon de traîner un Caddie trop petit pour sa grande taille et d'où sortaient trois poireaux, il s'est vite ressaisi. Lui, fan de voitures et ami de Jean Todt, ancien patron de la F1 chez Ferrari, a même douloureusement attendu de s'acheter la puissante Audi de ses rêves pour faire campagne dans une triste Peugeot 306 d'occasion.
Que la majorité de la population et des syndicats de salariés demande à réactiver des protections, c'est normal mais que le patronat qui grogne contre l'étatisme (et il a raison) en finisse par réclamer lui aussi des aides et des directives, on rêve. Parce que le ministre de l'économie lui-même souhaiterait sans doute un patronat plus ambitieux sur le front des réformes structurelles en présentant un programme sincèrement libéral. Sur le terrain de l'économie, tout le monde s'est félicité du maintien et même de la promotion de Bruno Le Maire au sein du nouveau gouvernement. Et notamment les chefs d'entreprise pour lesquels le locataire de Bercy offre une garantie de stabilité dans l'application des mesures budgétaires et d'une fidélité aux principes de solidarité et de coordination européenne. Le monde des affaires considère que le ministre de l'économie a bien géré le quoi qu'il en coute pendant le Covid. Il a su protéger les systèmes de production, empêcher la destruction des actifs à un coût finalement supportable.
François Hollande n'est pas candidat en Corrèze et se donne pour mission de "reconstruire la gauche socialiste" L'échéance des législatives arrive dans trois semaines. Est-ce un gouvernement provisoire dans cette optique? Si la coalition Ensemble l'emporte aux législatives, c'est un gouvernement qui me semble taillé pour durer. Et c'est un peu une surprise car il était annoncé un gouvernement resserré à quinze ministres et là, avec les secrétaires d'État, on a le sentiment que le "paquet" a été balancé d'un coup. Je ne pense pas que l'on assistera à de grands bouleversements en juin. C'est un gouvernement politique, et de combat politique, pour faire face aux tirs croisés des deux oppositions radicales. Emmanuel Macron avait amorcé un virage écologiste dans l'entre-deux-tours. Avez-vous l'impression qu'il a fait le nécessaire pour engager cette transition? Dans l'architecture politico gouvernementale au sommet de l'État, oui, avec le titre de la Première ministre. Cela signifie que l'on fait remonter au niveau interministériel la question écologique.
Les représentants patronaux ont aussi fait valoir les efforts déjà consentis. À LIRE AUSSI Mathieu Plane: « L'objectif de plein-emploi sera compliqué à atteindre » Face aux tensions de recrutement, « beaucoup d'entreprises ont fait des augmentations individuelles » de salaires, a assuré François Asselin. En outre, « environ 50% des TPE/PME ont versé à leurs salariés la prime Macron » créée fin 2018, défiscalisée et dont le montant maximal devrait tripler au cours du quinquennat, selon une promesse de campagne du président Macron. Pour inciter davantage d'entreprises à franchir le pas, François Asselin a suggéré au gouvernement de les autoriser à verser la prime en plusieurs traites, de façon à contourner d'éventuelles difficultés passagères de trésorerie. Baisse des impôts de production Sur France Info, le président délégué du Medef, Patrick Martin, a plaidé pour les « dispositifs d'intéressement, de primes ». Ils doivent « permettre de trouver une solution de compromis qui satisfasse tout le monde et ne mettent pas les entreprises en difficulté sur la durée ».
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