Le poète ne trouve que vice, ambition et manipulations politiques dans une ville qui n'est plus que l'ombre d'elle-même. De nombreux poèmes de Du Bellay évoquent cette violente déception accompagnée d'un mal du pays qui va croissant, en particulier dans Les Regrets et Les Antiquités de Rome. C'est dans ce dernier qu'on trouve le sonnet « Nouveau venu qui cherches… », dans lequel Du Bellay, par un jeu constant de confrontations, rend manifeste la décadence de la cité. Plus précisément, il s'agira de se demander dans quelle mesure ce poème est l'occasion d'une véritable méditation sur le temps. + annonce du plan. 1/ Aperçu du « Rien » qu'est devenu Rome a) Une déchéance qui « saute aux yeux » – Champ lexical de la vue très présent dans les deux premières strophes: « n'aperçois », « tu vois » et impératif « vois ». Le poète s'adresse à un prétendu « nouveau venu », fraîchement débarqué à Rome et qui fait l'expérience de la déception: « Et rien de Rome en Rome n'aperçois ». – Pourquoi le poète ne parle-t-il pas en son nom, pourquoi ce prisme de l'autre?
Joachim du Bellay Nouveau venu, qui cherches Rome en Rome Et rien de Rome en Rome n'aperçois, Ces vieux palais, ces vieux arcs que tu vois, Et ces vieux murs, c'est ce que Rome on nomme. Vois quel orgueil, quelle ruine: et comme Celle qui mit le monde sous ses lois, Pour dompter tout, se dompta quelquefois, Et devint proie au temps, qui tout consomme. Rome de Rome est le seul monument, Et Rome Rome a vaincu seulement. Le Tibre seul, qui vers la mer s'enfuit, Reste de Rome. O mondaine inconstance! Ce qui est ferme, est par le temps détruit, Et ce qui fuit, au temps fait résistance.
Nouveau venu, qui cherches Rome en Rome Et rien de Rome en Rome n'aperçois, Ces vieux palais, ces vieux arcs que tu vois, Et ces vieux murs, c'est ce que Rome on nomme. Vois quel orgueil, quelle ruine: et comme Celle qui mit le monde sous ses lois, Pour dompter tout, se dompta quelquefois, Et devint proie au temps, qui tout consomme. Rome de Rome est le seul monument, Et Rome Rome a vaincu seulement. Le Tibre seul, qui vers la mer s'enfuit, Reste de Rome. O mondaine inconstance! Ce qui est ferme, est par le temps détruit, Et ce qui fuit, au temps fait résistance. Joachim Du Bellay, Les Antiquités de Rome J'ai choisi ce poème car Joachim Du Bellay y décrit les sentiments éprouvés à la découverte de Rome. Il y peint un tableau saisissant à travers lequel il confronte les visages de la Rome antique et de celle du XVIème siècle. Ce poème exprime la déception de l'humaniste qui, venu pour se baigner dans la grandeur de Rome, ne trouve que le fantôme de la ville qu'il avait imaginée. Du Bellay nous invite également à une réflexion sur la vanité de l'orgueil, délivrant ainsi une leçon de modestie en montrant que le temps efface toute gloire et que même Rome n'a pas échappé à cette destruction.
Nouveau venu, qui cherches Rome en Rome Et rien de Rome en Rome n'aperçois, Ces vieux palais, ces vieux arcs que tu vois, Et ces vieux murs, c'est ce que Rome on nomme. Vois quel orgueil, quelle ruine: et comme Celle qui mit le monde sous ses lois, Pour dompter tout, se dompta quelquefois, Et devint proie au temps, qui tout consomme. Rome de Rome est le seul monument, Et Rome Rome a vaincu seulement. Le Tibre seul, qui vers la mer s'enfuit, Reste de Rome. O mondaine inconstance! Ce qui est ferme, est par le temps détruit, Et ce qui fuit, au temps fait résistance.
>Rome autrefois ultra-puissante, rien ne lui résistait sauf… le temps, auquel nul n'échappe comme on le voit dans la tournure conclusive et élargissante du vers 12 « ô mondaine inconstance! » (la tonalité pathétique de l'expression avec le ô + le point d'exclamation est significative). – Même dans la description il y a un affaiblissement, on passe des « palais », symbole de souveraineté et de puissance à de vulgaires « murs ». Le tout est renforcé par un jeu de « contamination assonantique » d'un mot à l'autre: l'assonance en [a] lie « palais » à « arc » puis l'assonance en [R] – moins agréable à l'oreille – unit « arcs » à « murs ». c) Une déchéance renforcée par un jeu constant d'oppositions – Le poème frappe à la lecture par le jeu constant d'oppositions entre la Rome contemporaine de Du Bellay et la Rome antique. Formellement, cela s'incarne surtout dans la répétition du nom propre « Rome » pour créer un effet de contraste saisissant: « qui cherches Rome en Rome » (v. 1), « de Rome en Rome » (v. 2), « Rome de Rome » (v. 9) et « Rome Rome » (v. 10).
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