Il ôte de chez lui les branches les plus belles, Il tronque son verger contre toute raison, Sans observer temps ni saison, Lunes ni vieilles ni nouvelles. Tout languit et tout meurt. Ce Scythe exprime bien Un indiscret (7) stoïcien; Celui-ci retranche de l'âme Désirs et passions, le bon et le mauvais, Jusqu'aux plus innocents souhaits. Contre de telles gens, quant à moi, je réclame. Ils ôtent à nos coeurs le principal ressort: Ils font cesser de vivre avant que l'on soit mort. Le sujet de la fable: "Le philosophe Scythe" est pris dans les "Nuits attiques" d'Aulu-Gelle, érudit latin (env. 130-180). Les Nuits attiques (Noctes atticae), écrites en partie à l'intention de ses enfants, sont divisées en vingt livres. C'est un mélange de notes. Les sujets les plus divers y sont traités. On retrouve dans la fable le thème du jardin, cher à L. F. Finalement, L. F. exprime son sentiment contre les stoïciens qui veulent ôter passions et désirs. "Il n'est pas exclu que les derniers vers portent contre la direction spirituelle de l'Abbé de Rancé, qui avait exclu Mme de La Sablière du commerce du monde et l'avait fait se retrancher aux Incurables, en 1680, à la suite de la trahison de son amant La Fare.
Résumé du document Auteur du XVII ème siècle, Jean de La Fontaine est un fabuliste. Il appartient au classicisme, mouvement littéraire qui défend l'ordre de l'art. De plus, La Fontaine se range du côté des Anciens dans la fameuse Querelle des Anciens et des Modernes. Pour écrire ces fables Jean de La Fontaine s'inspire des fabulistes de l'antiquité gréco-latine. La fable étudiée est tirée du livre XI et s'intitule "Le philosophe Scythe", publié quelques années avant sa mort, en 1693. Il s'agit d'un apologue qui met en scène deux personnages: le philosophe scythe et un sage grec. A travers ce récit, la Fontaine critique les stoïciens et défend les épicuriens. - Lecture - Problématique - Annonce du plan Sommaire I) L'ART DU RÉCIT II) UNE OPPOSITION ENTRE LES DEUX PERSONNAGES III) LA POSITION DU FABULISTE DANS L'APOLOGUE Extraits [... ] TEXTE 2: LE PHILOSOPHE SCYTHE DE LA FONTAINE INTRODUCTION Auteur du XVII ème siècle, Jean de La Fontaine est un fabuliste. La fable étudiée est tirée du livre XI et s'intitule "Le philosophe Scythe", publié quelques années avant sa mort, en Il s'agit d'un apologue qui met en scène deux personnages: le philosophe scythe et un sage grec.
La bibliothèque libre. Fable XX. Le Philoſophe Scithe. Un Philoſophe auſtere, & né dans la Scithie, Se propoſant de ſuivre une plus douce vie, Voïagea chez les Grecs, & vid en certains lieux Un Sage aſſez ſemblable au vieillard de Virgile; Homme égalant les Rois, homme approchant des Dieux, Et comme ces derniers ſatisfait & tranquile. Son bonheur conſiſtoit aux beautés d'un Jardin. Le Scithe l'y trouva, qui la ſerpe à la main, De ſes arbres à fruit retranchoit l'inutile, Ébranchoit, émondoit, ôtoit ceci, cela, Corrigeant par tout la Nature, Exceſſive à païer ſes ſoins avec uſure. Le Scithe alors luy demanda: Pourquoy cette ruine? Étoit-il d'homme ſage De mutiler ainſi ces pauvres habitans? Quittez-moi vôtre ſerpe, inſtrument de dommage; Laiſſez agir la faux du temps: Ils iront auſſi-tôt border le noir rivage. J'ôte le ſuperflu, dit l'autre; & l'abatant Le reſte en profite d'autant. Le Scithe retourné dans ſa triſte demeure, Prend la ſerpe à ſon tour, coupe & taille à toute heure; Conſeille à ſes voiſins, preſcrit à ſes amis Un univerſel abatis.
Chacun peut adopter celle qu'il préfère, mais le fabuliste guide son lecteur vers le choix de la morale épicurienne. une morale souriante et humaine est préférable? l'intransigeance des stolciens/puristes En ce sens La Fontaine rejoint Molière dans ce choix d'un art de vivre plaisant, fondé sur le désir.
Un philosophe austère, et né dans la Scythie, Se proposant de suivre une plus douce vie, Voyagea chez les Grecs, et vit en certains lieux Un Sage assez semblable au vieillard de Virgile, Homme égalant les Rois, homme approchant des Dieux, Et comme ces derniers, satisfait et tranquille. Son bonheur consistait aux beautés d'un jardin. Le Scythe l'y trouva, qui la serpe à la main, De ses arbres à fruit retranchait l'inutile, Ebranchait, émondait, ôtait ceci, cela, Corrigeant partout la nature, Excessive à payer ses soins avec usure. Le Scythe alors lui demanda Pourquoi cette ruine? Etait-il d'homme sage De mutiler ainsi ces pauvres habitants? Quittez-moi votre serpe, instrument de dommage. Laissez agir la faux du temps: Ils iront assez tôt border le noir rivage. J'ôte le superflu, dit l'autre, et l'abattant, Le reste en profite d'autant. Le Scythe, retourné dans sa triste demeure, Prend la serpe à son tour, coupe et taille à toute heure, Conseille à ses voisins, prescrit à ses amis Un universel abattis.
(M. Fumaroli, L. F., Fables) (1) Nord de l'Europe et de l'Asie. Il s'agit d'Anacharsis, "philosophe austère", et voyageur, comme le personnage de L. F. (2) allusion au vieillard du Galèse qui cultivait un modeste et charmant jardin (Virgile, Géorgiques, IV, v. 125-133) (3) taillait, nettoyait les arbres, coupait les branches mortes (4) payer avec usure signifie rendre un service plus grand que celui qu'on a reçu. (5) les Enfers (6) ce qui a été abattu (7) dépourvu de discernement Illustration François Chauveau
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