Et quelle version voir, puisque les deux sont authentiquement de l'auteur? Ceux qui ont le choix auront le choix. Les Fantomes d’Ismaël - film 2017 - AlloCiné. On dit que la «version originale» résout ou approfondit quelques-unes des nombreuses intrigues du film, parfois laissées en suspens, et va plus loin en ajoutant du récit au récit: principalement en ce qui concerne le «film dans le film» qu'Ismaël a précisément des difficultés à achever. Voilà déjà une piste moins ennuyeuse que le décompte du nombre de séances par jour: et si le dédoublement des versions ne participait pas en vérité à la multiplication des fictions, celles d'un film hanté par son propre double, et qui redouble de tout, brouillant partout l'original et la copie?
Et soudain Carlotta débarque (d'Inde, dit-elle), réelle ou non. Elle rôde autour du domicile du vieillard en sursis. Elle s'immisce dans le couple qu'Ismaël forme désormais avec Sylvia ( Charlotte Gainsbourg). Les fantômes d'Arnaud (Desplechin) sont donc les témoins redoutables d'un état antérieur du monde. Ils ont connu les vivants dans leur version la plus belle, la plus pure. Ils revendiquent une place qu'ils ont pourtant abandonnée. Inchangés, il viennent tout déranger et apportent avec eux un tourbillon de regrets et de remords. Dans l'improbable apprivoisement entre Sylvia et Carlotta, la cruauté et la violence ne tardent pas à s'installer. Dans les explications entre Ismaël et Carlotta, il y a des larmes, du sang, des blessures à vif. Les fantomes d'ismael torrent. Pourquoi donc a-t-elle disparu jadis? Elle ne savait pas comment être au monde: « Je voulais déchirer ma vie. » Il répond: « C'est ma vie que tu as déchirée. » Ces échanges paroxystiques, magnifiques, où s'énonce la vérité des existences, rappellent Ingmar Bergman, bien sûr, comme certains monologues face caméra.
Il a réussi à couper vingt minutes pour offrir aux spectateurs une version plus sentimentale. "La longue, plus mentale et distribuée dans quelques salles, s'adresse à ceux qui parlent le Desplechin. Autrefois, je voulais que toutes les scènes soient intéressantes; aujourd'hui, j'arrive à les intégrer dans le dessin général du film. Les fantomes d israel.info. S'il n'y a pas de progrès en art, on peut toujours s'améliorer. " par Barbara Théate
Une histoire d'insomniaque, forcément. Début du film: Ismaël, devant son ordinateur, reçoit en pleine nuit un coup de fil angoissé de son vieil ami Henri, cinéaste comme lui. Quand il le rejoint, on reconnaît sous ses traits Laszlo Szabo, formidable acteur à l'accent hongrois déjà vu chez Desplechin, de même que chez Amalric réalisateur ( Mange ta soupe), mais aussi compagnon de route jadis de la Nouvelle Vague, de Jean-Luc Godard en particulier. Pour le spectateur cinéphile, son apparition ouvre sur ces différents univers cinématographiques, à l'image du film, qui contient plusieurs histoires. Il y a d'abord le scénario qu'écrit Ismaël, dont Ivan (Louis Garrel) est le protagoniste, inspiré de son propre frère. Personnage improbable, Ivan entre, pour ses débuts dans la vie active, dans les services du Quai d'Orsay, puis est envoyé à Prague, où il tombe amoureux d'Arielle (Alba Rohrwacher). Les fantomes d israel.com. Ivan est un drôle de diplomate. On le voit se rendre dans une prison du Tadjikistan pour interroger un détenu suspect.
Bergman, Truffaut, Hitchcock (Carlotta est le prénom de la femme au portrait dans Vertigo/Sueurs froides): les maîtres d'Arnaud Desplechin réapparaissent, une fois encore, en filigrane, fantômes d'un autre genre et éternels revenants. Mais la dimension spectrale de ce cinéma comprend aussi, de plus en plus, de fines réminiscences des films de Desplechin lui-même. Quand Carlotta se met à nu, littéralement, devant Ismaël, revient l'image de Marion Cotillard, alors débutante, nue dans sa seule scène, longue, muette, magique, de Comment je me suis disputé... (1996). En quelque sorte, un souvenir de la jeunesse du héros, que jouait, déjà, Mathieu Amalric. LES FANTÔMES D'ISMAËL - Festival de Cannes. Il en va de même pour les bribes de film d'espionnage, dont on n'aperçoit pas tout de suite le lien avec les tourments amoureux et existentiels d'Ismaël: cette veine kafkaïenne remonte à La Sentinelle (1992). Elle contamine savamment l'histoire principale, prolonge et décuple son incertitude inquiétante. Ces histoires surréelles de consulat à l'Est et de méprises d'identité ressemblent à des songes, à des cauchemars: il n'y a pas que la bien-aimée d'autrefois dont la présence soit douteuse, insaisissable.
Pour une fois, le recours au format du cinémascope – si souvent inadapté, prétentieux et étouffant – s'inscrit dans une dramaturgie spatiale soigneusement pensée. Les autres choix formels du réalisateur se coulent avec bonheur dans une mise en scène fluide et fougueuse; il n'est pas jusqu'aux champs contre-champs en surimpression qui, au-delà de leur évident maniérisme, ne participent à la fascination exercée par le film. Les Fantômes d'Ismaël : Desplechin de plus en plus féminin. La beauté des trente premières minutes doit beaucoup à l'onirisme diffus de cette mise en scène. Desplechin construit chaque séquence comme un bloc musical compact, cohérent, quitte à surprendre ensuite par la vivacité des changements de ton. Les dialogues sont à l'avenant: les affectations de langage, les grandes envolées déclamatoires et littéraires, parsemées de citations philosophiques, irritent moins qu'elles n'étonnent, séduisent ou amusent. De fait, il existe une vraie drôlerie éparse dans ce film pourtant grave et intime, un humour vif, étrange et noir, fortement redevable des interprétations frémissantes et parfois outrancières de Mathieu Amalric et Marion Cotillard.
Accueil Culture CRITIQUES CINEMA - La sélection du JDD pour la semaine du 18 au 24 mai. Trois films sortent en salles cette semaine. (Prod) Les fantômes d'Ismaël ** D'Arnaud Desplechin avec Mathieu Amalric, Charlotte Gainsbourg, Marion Cotillard. 1h50. Alors qu'il écrit son nouveau long métrage à Noirmoutier, Ismaël voit réapparaître Carlotta, la femme qu'il aimait et disparue depuis vingt ans. Cela tombe mal: il a retrouvé goût à la vie et à l'amour grâce à Sylvia. Incapable de choisir, il s'enfuit à Roubaix pour se perdre dans son film. Arnaud Desplechin décline ses multiples histoires comme autant de poupées russes qui s'emboîtent et s'entrechoquent. On est fasciné par la sensibilité du triangle amoureux entre Marion Cotillard (magnétique), Charlotte Gainsbourg (battante) et Mathieu Amalric (agité), déstabilisé par la folie ubuesque du film dans le film. Le réalisateur continue de nous donner à voir des éclats de vie, drôles et graves, où les personnages se surprennent à dire des choses qui les dépassent.
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