"Mais pour certains, l'exposition paraîtra peut-être très sage. En soi il n'y a rien de choquant", estime Ophélie Ferlier, co-commissaire de l'exposition. "Nous nous attendons même à ce que les gens nous disent que nous avons été très pudibonds. Pour parler crûment, il y a très peu d'érections", précise M. Rey. Guy Cogeval s'attend toutefois à ce que le musée "perde une partie de son public qui va avoir peur de venir ici". "Je sens une petite réticence des bourgeois bien pensants d'une manière générale. L homme nu exposition et visite. Mais je pense que l'exposition est si belle qu'elle va finir par les convaincre", ajoute-t-il.
Cette exposition fait écho à une exposition du Leopold Museum de Vienne qui présentait pour la première fois une "histoire de la représentation de l'homme nu": suite à cette exposition, le Musée d'Orsay s'est rendu compte de la faiblesse des expositions relatives à la figure masculine, du moins à sa figure nue! En effet, la figure féminine est surreprésentée dans les expositions, alors que la figure masculine n'a cessé d'être étudiée par les artistes: représentation de la virilité, les sculptures classiques du XVIIIème siècle affirment une certaine puissance de l'homme, invincible; il faut attendre le XIXème siècle pour que les artistes proposent des œuvres affichant des corps faibles, impuissants, meurtris par la guerre et la faim. Masculin/Masculin se penche ainsi sur les modifications sociétales - sociologiques, esthétiques, philosophiques - à travers les créations artistiques: de Jacques-Louis David à Picasso, sans oublier des figures comme Gustave Moreau, l'exposition ancre le regard de l'artiste aux mœurs de la société, selon l'époque.
Il en ressort une richesse et une diversité jouissives. Bacon, Delville, Rodin, Schiele, Cézanne, Mueck, Avedon, Picasso, David, Pierre et Gilles... : ce joyeux et improbable mélange des genres apporte au visiteur une vision cohérente et fléchée de la représentation de l'homme à travers les différents courants artistiques. Car en réalité, on est bien loin d'un simple déballage gratuit de popotins sexy. A défaut de faire lui aussi tomber le costume, le co-commissaire de l'exposition Xavier Rey a bien voulu se mettre (un peu) à nu en répondant à nos questions (un poil) déplacées. Découvrez ses réponses ci-dessous. © Musée d'Orsay Jeune homme assis au bord de la mer - Hippolyte Flandrin Pas trop dur vivre, penser et parler fesses depuis des mois? (Rires). Le musée d'Orsay célèbre le nu masculin. En fait, dans l'art, c'est moins inhabituel qu'il n'y paraît. Car parler d'art, c'est parler de la beauté, et les fesses en font bien sûr partie. D'ailleurs, le début de l'exposition montre bien que la beauté telle qu'elle se définit dans l'Antiquité, c'est la nudité masculine.
Pourquoi pas. L homme nu exposition virtuelle. D'ailleurs, les deux dernières sections de l'exposition sont largement consacrées au désir homosexuel, avec des dessins érotiques de Jean Cocteau, une photo de Duane Michals ("La plus belle partie du corps d'un homme") ou le très drôle "L'Ecole de Platon" du symboliste belge Jean Delville (1898), peinture monumentale où Platon habillé est entouré de disciples nus et très féminins. Mais c'est comme si le sujet n'était assumé qu'à moitié, qu'on avait introduit quelques œuvres de femmes (Louise Bourgeois, Nan Goldin, Imogen Cunningham, Orlan et Zoe Leonard) en prétexte, pour montrer que le regard des femmes était pris en compte, alors qu'elles ont l'air d'être là presque par effraction, sans qu'on leur donne véritablement la parole. Un sujet sulfureux, une expo finalement sage L'exposition aura eu le mérite de s'attaquer à un sujet, il est vrai, peu abordé, même si on reste sur sa faim. Et il faut y aller pour voir les émouvants autoportraits d'Egon Schiele, les "Baigneurs" de Cézanne et d'Edvard Munch, un autoportrait de Lucian Freud si on aime, quelques Francis Bacon.
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